Suite aux rencontres de l’écologie à Die, interview d’une des fondatrices d’Ecoravie
Les 8èmes rencontres de l’écologie au quotidien se sont déroulées dans le Diois (Drôme) du 27 janvier au 2 février 2010.
A l’intérieur d’un programme foisonnant, un atelier était consacré au thème « Habiter autrement, de l’habitat léger à l’éco-village » avec des témoignages et échanges, notamment sur les initiatives du « village des yourtes », des « oasis en tous lieux » ou de « permis de vivre »…
Une des fondatrices du projet Ecoravie y participait. Entretien avec Annie Liagre.
Quelles raisons t-ont amenée à participer à ces rencontres ?
Essentiellement pour rencontrer d’autres personnes dans la même dynamique. J’avais besoin à la fois de donner et de recevoir quelque chose par rapport à un projet qui me tient à cœur.
Rencontrer d’autres porteurs de projet du Diois, de Romans ou d’ailleurs permet de sortir de l’isolement, d’être (ré)conforté par des gens qui œuvrent dans le même sens, mais avec leurs spécificités. Chaque projet revêt une forme qui lui est propre et qui conduit à créer du sur-mesure. Cette variété est d’une grande richesse.
J’ai aussi retrouvé des visages connus, notamment Michel Marchand qui est à l’initiative d’un écolieu que nous avions visité à Chalancon.
Concernant l’atelier dédié à une autre façon d’habiter, qu’as-tu appris?
J’ai réalisé que dans les petits villages, un maire peut avoir beaucoup de pouvoir. L’exemple du village des yourtes dans l’Aude illustre bien qu’il est possible de surmonter les obstacles auxquels se trouvent confrontés de nombreux groupes. En invitant tous les partenaires à se mettre autour de la table pour discuter de ce que l’on peut faire tous ensemble, ça marche. C’est la force de la proximité. Peut-être qu’il est plus facile d’y parvenir dans un village que dans une grande ville. Ce projet d’habitat « léger » dans l’Aude, avec un objectif central de création d’activité agricole sur trois hectares et demi non constructibles, repose sur une phase d’intégration réussie. L’intérêt d’une mairie au démarrage compte beaucoup.
Du témoignage des habitants de La Baraque à Louvain (Belgique), j’ai apprécié le haut potentiel de créativité ainsi que leur modestie. Les limites à poser quant aux conditions d’accueil de nouvelles personnes sont également à considérer. Des expériences relationnelles parfois délicates montrent l’importance de structurer le vivre ensemble, de rédiger une charte, etc.
Ce qui t’a le plus surpris?
A nouveau à propos de l’expérience menée dans l’Aude : le culot d’aller démarcher plusieurs communes en proposant un projet avec la ferme intention d’aller là où le maire est favorable, où les choses sont fluides. La rencontre donne alors lieu à une véritable alliance dès le début du projet. On « frappe les trois coups » ENSEMBLE ».
Plus généralement, j’ai été heureusement surprise de voir que le projet Ecoravie était cité comme un début de référence. La démarche que nous avons entreprise bénéficie maintenant d’une reconnaissance significative.
Au cours des échanges, j’ai retrouvé des concepts que nous utilisons au sein du groupe : la notion de cercle par exemple. Comprendre que le cercle du cœur sous-tend le cercle technique. Autrement dit, le relationnel est le soubassement incontournable du rationnel et le « carburant » du processus.
Les suites que tu souhaites donner à cet échange ?
Je souhaite poursuivre les relations avec les autres groupes. Entretenir un côté fratrie… Ecoravie est un peu perçu comme un grand frère – nous avons commencé à tracer un sillon qui peut être utile pour celles et ceux qui empruntent un itinéraire similaire.
Je pense qu’organiser une rencontre de ce type deux fois par an serait constructif. J’imagine par exemple une journée picnic, pour faire le point, être confrontés aux autres, s’entraider et tisser un maillage.
Ce que tu retiens de ce festival ?
Ce qui a fait sens à mes yeux, c’est de ne pas être seulement dans le discours (on peut passer beaucoup de temps à déplorer ce qui ne nous va pas et ne pas avancer d’un iota vers un monde plus juste et solidaire). Etre dans le faire, porter des propositions concrètes, se « coltiner »une réalité forcément lente à se mettre en place est une implication puissante et risquée.
Je crois beaucoup dans la force des petits groupes, avec des gens de bonne volonté qui ont envie de changer la société de manière humble mais néanmoins bien réelle. L’effet de contagion positive de cet élan enraciné dans le concret est palpable à l’occasion d’un festival comme celui-ci.
Avec les autres participants, je retiens le bonheur de vivre une relation simple, directe, sans formalisme. On est tout de suite au cœur de ce qui nous anime.
Ce que tu regrettes ?
Je regrette de ne pas avoir pu participer aux autres ateliers. Il s’agissait de ma 1ère participation à ces rencontres : certainement qu’être actrice du projet « Ecoravie » m’a donnée envie d’être participante à cet atelier, puisqu’une fois de plus, nous n’échangions pas sur des idées mais sur un partage d’expériences.
J’aurais aussi aimé aller écouter Maurice Bénin, mais je me dis que nous pourrons l’inviter à se produire à Dieulefit par la suite…
Un mot de conclusion ?
« L’habitat et l’habitant évoluent ensemble »: comme c’est vrai. Je me suis rendue compte que nos rêves du début étaient à l’image de ce que nous connaissions. Le fait de découvrir ce qui se faisait ailleurs nous a permis d’élargir nos représentations mentales et de faire évoluer notre projet.